La pratique de Lucille Jallot est un risque de déconditionnement.
Originellement artisan du cuir, l’artiste a d’abord bradé sa minutie au profit d’un contact charnel et souverain avec la matière : à la recherche d’un corps qui se mélange sur lui-même, contraint et incarné, dont la nature, mortelle ou divine, reste inconnue.
Plus viscéral, c’est l’interaction avec la chaleur mécanique qui la fascine aujourd’hui. Elle glane et répare des rebuts automobiles qu’elle recouvre de cuir à la manière d’un gainier. La nouvelle peau de ses oeuvres verrouille la fonctionnalité première de l’objet pour en révéler l’incohérence d’une silhouette nouvelle, onirique et tactile.
Elle pose un regard précieux sur la différence, le monstrueux, l’anormal. En perturbant la représentation d’une dangerosité normalisée, l’artiste questionne les limites de notre corps, en tant que manifestation corporelle brute mais aussi en tant que construction sociale.
Texte Léo Foudrinier pour l’exposition « tendres combustions » Confort moderne juin 22